En ce moment, il ne fait pas chaud : c'est le temps idéal pour se faire une expo. Raison pour laquelle mes derniers messages ont pu vous donner l'impression que je passe mes week-ends dans les musées... Même si ce n'est pas tout à fait vrai, je reconnais que je force un peu la dose en ce moment ; pas ma faute s'il y a tant de belles expos à voir à Paris en ce moment ! La tentation est forte... et voilà, je me suis encore laissée aller. Autant vous le dire tout de suite : je ne regrette rien, absolument rien, parce que cette expo-là, il aurait été plus que désolant de la manquer. Une petite merveille, vous dis-je.
Théière diamant de Christophe Dresser |
Le titre est malheureusement un peu difficile à retenir : Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde, ils auraient pu faire plus court ! En revanche, les pièces exposées sont si variées et si belles qu'on ferait bien comme la pub pour les biscuits Cadbury (d'il y a un... certain temps) en demandant qu'ils nous fassent cette expo "un p'tit peu plus longue"... Et pourtant, j'y ai passé plus de 3 heures !!!
Des statues, des tableaux, des meubles, des costumes, des bijoux et même des papiers peints et de la vaisselle. On trouve de tout chez Beauté, morale et patati... Pas le temps de se lasser. Des explications super intéressantes (mais pas très bien placées, il faut l'avouer : vous passez votre temps courbé en deux pour décrypter les textes au niveau du sol) pour chaque objet présenté, un parcours bien organisé avec une scénographie soignée dans une atmosphère moirée vert et violet, des pièces bien mises en valeur. Avec un fil conducteur : de petites phrases d'Oscar Wilde extraites de ses critiques ou de ses essais sur l'art. Une belle idée. Bref, une réussite !
Symphonie en blanc n°1 James Abbott McNeill Whistler |
Pour en venir au thème, l'expo présente le mouvement Esthétique, qui a pris place entre 1860 et 1900 en Angleterre et regroupait des artistes aussi divers que des peintres, des décorateurs, des architectes ou des poètes autour d'une préoccupation unique : mettre en valeur la beauté pour la beauté, l'art pour l'art, pour échapper au moralisme et à la laideur de l'ère victorienne. On y retrouve des Préraphaélites comme Dante Gabriel Rossetti dont j'avais déjà parlé ici ou William Morris, des écrivains comme le porte-parole du groupe, Oscar Wilde (pour plus d'information sur lui, lire mon article ici), arrivé pourtant tardivement mais qui défendra ce mouvement et l'exportera aux Etats-Unis.
L'exposition suit un ordre chronologique qui permet de suivre l'évolution de ce mouvement original qui est allé piocher ses idées tant dans le moyen-âge que la renaissance italienne ou le Japon. L'antique, le zen et le romantisme trouvent une étrange harmonie dans les meubles et les tableaux. On rapprochait la peinture de la musique jusqu'à donner, comme Whistler, le nom de Symphonie en blanc n° 1 à une huile. Des peintres comme Burne-Jones se mettaient à inventer et décorer des meubles.
Les rêveuses d'Albert Moore |
Ils avaient pour emblèmes la fleur de lys et la plume de paon. La beauté et l'art étaient leur credo. En contemplant les tableaux sensuels d'Albert Moore et l'Eros admirable d'Alfred Gilbert que plus personne ne regarde vraiment sur Picadilly Circus, on se prend à regretter qu'ils n'aient pas pu prolonger ce moment de douceur et de volupté... Bientôt, on tombera dans la standardisation et c'en sera fini du Mouvement Esthétique. La condamnation d'Oscar Wilde et la fin du règne de Victoria marqueront la fin d'une époque.
Papier peint de William Morris |
75007 Paris
M° Tuileries ou Assemblée Nationale
Jusqu'au 15 janvier 2012
Nocturne jusqu'à 21h45 le jeudi. Fermé le lundi.
Tarif : 8€ avec accès aux collections permanentes (ne ratez pas la nouvelle galerie des Impressionnistes et le superbe bar sur l'horloge : on se croirait dans le film de Buster Keaton !)
Excellente visite et...
A très bientôt sur Les Arts d'Alexe !
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