Expo Inde: Paris Delhi Bombay à Beaubourg

Si vous vous attendez à trouver dans cette expo un éventail de l'art indien, c'est raté. Le concept choisi par les commissaires d'exposition est en effet basé sur un regard croisé d'artistes indiens et français sur l'Inde d'aujourd'hui. Un regard sociologique, politique et économique. Pas très glamour, il faut le dire, mais assez percutant. Pourtant, à voir ces photos, on se croirait dans un cliché, non ?

Cher et Tendre et moi avions regardé l'émission de La Cinq jeudi 2 juin Un Soir au Musée. Elle était dédiée à cette expo et - ça mérite d'être dit - pour une fois, ça ne reflétait pas vraiment ce que nous avons vu ensuite. Bon, donc un reportage sur Bollywood (vous ai-je dit que je suis fan ? Ah, il faudra que je vous envoie quelque chose là-dessus, histoire de vous faire rire !), une promenade parmi des oeuvres choisies de l'expo présentées par les artistes... et nous voilà pris de l'envie de voir par nous-mêmes. Nous nous attendions à un brin de kitsch et à une représentation de l'Inde intemporelle. Autant pour nous ! Cher et Tendre n'a pas apprécié. Moi, j'ai trouvé ça intéressant mais pas très homogène. Beaucoup d'idées mais pas forcément UNE idée forte ni une véritable logique. Réalisme dérangeant ou cliché folklorique, on trouve de tout. Il aurait peut-être fallu faire un choix...



Ali Baba de Subodh Gupta - Photo JC Marmara

L'expo est organisée autour d'un espace circulaire au centre duquel se trouve la tête monumentale de Tara, stéréotype de la beauté indienne, dorée à l'or fin, de Ravinder Reddy.

Des explications historiques, économiques, sociales et politiques avec des affiches, des films publicitaires, etc, illustrent cet espace à partir duquel on se dirige soit vers la droite (la sphère publique, la politique et l'histoire) soit vers la gauche (les moeurs, la sexualité et la vie privée) pour découvrir les oeuvres des artistes, 30 Indiens et 17 Français qui ont été spécialement mandatés par le musée pour présenter leur vision de l'Inde (70% des oeuvres ont été réalisées spécialement pour l'expo).



Pierre et Gilles - Sita

On y trouve pêle-mêle des tableaux kitschissimes de Pierre et Gilles (que j'adore), un mobile musical d'Othoniel (superbe), un salon bourgeois donnant sur Paris et sur une rue de Bombay par Leandro Erlich ou une installation techno de Loris Gréaud dont je n'ai pas compris le sens. Des photos de tableaux revus par un artiste indien, Pushpamala N, chez Harcourt (La Liberté de Delacroix, que Cher et Tendre a trouvé peu digne de l'original : "courte et sans relief", qu'il a dit !). Certaines oeuvres sont remarquables, à la fois par leur message et par leur esthétisme, comme ce tableau réalisé avec des trous laissés par des balles de fusil (malheureusement, j'ai oublié le nom de l'artiste...) ou encore ces colliers de fleurs en lames de rasoir peintes en rouge de Sunil Gawde. Le tapis à motifs traditionnels fait de boulons et de rouages industriels par Sakshi Gupta est une véritable merveille. Quant à la petite fille en bronze qui tente de remonter sur son socle, de Philippe Ramette, elle est tout simplement magnifique ! D'ailleurs, tout le monde s'arrête pour la photographier... Je n'en dirai pas autant des os humains décorés de velours et de breloques (vraiment de mauvais goût) d'Anita Dube ou du roman-photo homo porno, réalisé dans un sauna parisien, qui prend toute une salle et est censé dénoncer la condition des homosexuels en Inde...

 

Philippe Ramette - L'installation

Je ne vous ferai pas un inventaire de toutes les oeuvres présentées mais en sortant, on ne peut s'empêcher de garder un sentiment mitigé. Et la "musique" tibétaine qui accompagne votre retour au rez-de-chaussée de vous rendra pas plus euphorique !

Donc pour les curieux :

Paris-Delhi-Bombay...

au Centre Pompidou du 25 mai au 19 septembre 2011



Entrée : 12€ (avec les collections permanantes... Dommage qu'on ne puisse pas prendre seulement l'expo !)



Bharti Kher, Reveal the secrets that you seek



A très bientôt sur Les Arts d'Alexe !