lundi 14 juillet 2014

Santa Maria Novella, Masaccio et Ghirlandaio

Ne vous avais-je point promis que nous reviendrions à Florence ? Voilà donc chose faite. Après vous avoir longuement parlé de la très belle église de Santa Croce, voici la seconde merveille de l'art florentin, la fameuse basilique de Santa Maria Novella, construite au XIIIème siècle par les Dominicains sur l'emplacement d'un ancien oratoire du IXème siècle.

Place et Basilique Santa Maria Novella - Photo Les Arts d'Alexe

La façade de Leon Battista Alberti, commanditée par la famille de marchands de textiles Rucellai, est en soi un chef d'œuvre, devenu un exemple de l'architecture humaniste de la Renaissance, basée sur les proportions élaborées par Vitruve, cette inspiration classique que l'on trouve tout particulièrement dans la frise et les colonnes.
Avec sa décoration en marbres verts et blancs (je vous assure que c'est bien vert, même si ce n'est pas évident sur ma photo!), ses formes géométriques et sa parfaite symétrie, cette façade représente la réussite par excellence du mariage harmonieux entre architecture gothique et esprit de la Renaissance. Les volutes sur les côtés ainsi que l'utilisation répétée des cercles (le soleil en haut, emblème des Dominicains) étaient une véritable trouvaille, totalement inédite à l'époque. Inutile de dire que ce n'est pas tombé dans l'œil d'un aveugle : il n'y a qu'à se promener en Italie pour voir combien ces idées ont été copiées (pas de copyright à l'époque !).

Annonciation florentine du XIVème siècle - Photo Les Arts d'Alexe

Détail - Ange Gabriel
Détail
La Vierge et l'Esprit Saint


Bien, voilà pour l'extérieur, visible de la place. A noter que le Ghirlandaio est enterré dans une niche du jardin.
Une petite nativité de Botticelli - Photo Les Arts d'Alexe

Passons à l'intérieur. Malheureusement, Vasari est passé par là au XVIème siècle et trouvait le gothique horrible (voir mon article sur Santa Croce ici). Du coup, il a "amélioré" la basilique à sa façon, sans toutefois toucher aux fresques extraordinaires des chapelles (heureusement !!!).

Par où commencer ? D'abord, une chose étonnante: la nef semble beaucoup plus longue qu'elle ne l'est en réalité. En fait, les colonnes sont de plus en plus rapprochées les unes des autres en allant vers le chœur pour faire un trompe-l’œil. Ingénieux, non ?

Nef centrale, avec le fameux cruxifix de Giotto, restauré après les
innondations de 1966 - Photo Les Arts d'Alexe


L'intérieur est tellement riche qu'il en donne le tournis ! Le gigantesque crucifix de Giotto (1288-1289), suspendu au centre de la nef, est l'une des attractions majeures. Noir (la mort), blanc (l'innocence pure) et rouge (le sang de la passion) pour illustrer la passion chère à l'école de la spiritualité franciscaine au détriment de la gloire. Pour ceux qui se demanderaient pouquoi la chair a une teinte verte, il s'agit de la sous-couche de peinture (le verdaccio) qui ressort, phénomène assez commun sur les peintures de cette époque, mais qui n'enlève rien à la grandeur de l'ensemble. Un Christ humain sublimé d'une extraordinaire beauté, donc divin.

Détail du Christ de Giotto - Photo Les Arts d'Alexe


Sur le mur de droite, un autre crucifix en bois, bien plus petit et plus terrible ne manque pas d'attirer l'œil. Il rappelle le Christ de Grünewald. Ici, plus rien de sublime, sauf la douleur monstrueuse du corps tourmenté.

Christ en bois polychrome - Photo Les Arts d'Alexe

Détail - Photo Les Arts d'Alexe

Sur le mur de gauche, la célèbre fresque de Masaccio La Sainte Trinité (1425-1427), à l'origine de la peinture en perspective de la Renaissance. Les vitraux, dont certains ont été dessinés par Filippino Lippi, datent des XIV et XVème siècles.

La Sainte Trinité - Masaccio - Photo Les Arts d'Alexe

Détail


C'est du pupitre de Santa Maria Novella, dessiné par Brunelleschi, que s'élevèrent les premières attaques contre Galilée, qui aboutirent à ce que vous savez.



Et puis, il y a les très belles fresques de la chapelle majeure réalisées par Domenico Ghirlandaio et son équipe dont un jeune apprenti nommé... Michel-Ange. Les fresques représentent l'histoire de la vie de la Vierge et celle de Saint Jean-Baptiste, patron de Florence. Les détails des costumes et des décors sont un superbe témoignage de la Florence du XVème siècle.

Chapelle majeure - Vie de la Vierge - Domenico Ghirlandaio - Photo Les Arts d'Alexe
Détail le Mariage de la Vierge - Photo Les Arts d'Alexe


La chappelle Strozzi (perso, c'est ma chouchoute) a été décorée par Filippino Lippi et illustre la vie de Sain-Philippe. Une merveille ! L'influence de Botticelli dans les drapés et les visages est encore parfois très sensible. 
Chappelle Strozzi - Philippino Lippi - Photo Les Arts d'Alexe

Saint-Jean ressuscite Drusiana (détail)
- Philippino Lippi - Photo Les Arts d'Alexe

Les autres chapelles sont également intéressantes mais je ne vais pas tout vous décrire : il faut y aller...

Juste quelques autres petites choses pour vous mettre l'eau à la bouche. Le Christ (1410-1415) de Brunelleschi dans la chapelle Gondi (une de ses rares sculptures) est une réponse à celui de Donatello qu'on trouve à Santa Croce. Pour la petite histoire, Brunelleschi trouvait ce dernier, selon Vasari trop naturaliste. Donatello, vexé, le défia de faire mieux. Devant le résultat, on raconte que, saisi par cette merveille, il fit tomber les œufs qu'il avait apporté pour dîner avec son ami. Et ils ne se multiplièrent pas ;o) A noter les jambes pliées, inhabituelles, et la légère torsion qui amène le spectateur à regarder ce Christ de différents points de vue. Les proportions sont admirables et l'anatomie parfaitement respectée. Comparez donc avec celui (peint) de Giotto dont j'ai parlé plus tôt : quelques ressemblances, non ?
Le Christ de Brunelleschi - Photo Les Arts d'Alexe
Détail












Dans la sacristie, les fameuses céramiques blanches sur fond bleu avec des ajouts polychromes très typique des Della Robia sont magnifiques.

Lavabo en marbre surmonté de céramiques de Della Robia
Photo Les Arts d'Alexe

La chapelle des Espagnols, qui date du XIVème siècle, est un petit bijou décoré à fresque par Andrea da Firenze. On y accède par le Cloître Vert qui garde encore quelques vestiges de fresques de Paolo Uccello (faut bien chercher!). Les fresques représentent le triomphe de l'Eglise sur l'hérésie. Plein de détails amusants, notamment des représentations de diables assez croustillantes. De l'autre côté, une représentation allégorique de la vie active et contemplative de Dominicains.

Le triomphe de l'Eglise - Chapelle des Espagnols - Photo Les Arts d'Alexe

Diables de toutes les couleurs !
Pour finir, le réfectoire contient une Cène (1584) d'Alessandro Allori qui jouxte des restes de fresques du XIVème qui méritent le détour.

Voilà, je pense avoir été assez exhaustive. Maintenant, il ne vous reste plus qu'à aller voir par vous-même toutes ces merveilles.

Bonne visite et... 

A très bientôt sur Les Arts d'Alexe ! 

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