dimanche 6 mars 2011

Corrida, et de trois !

J'ai attendu que les esprits s'apaisent avant d'enfoncer le clou ! Donc après mon introduction à la corrida, dans laquelle je vous expliquais comment je suis tombée dedans, puis ma dissertation sur les magnifiques costumes portés par les toreros, voilà quelques mots sur la façon dont se déroule une corrida. Autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas une pro, alors on va se contenter de l'essentiel... C'est donc ici que les âmes sensibles sont censées aller voir ailleurs ;o) !

Une corrida se déroule toujours de la même façon. En début de journée, un tirage au sort a déterminé la répartition des taureaux entre les matadors, qui décident ensuite de leur ordre de passage dans l'arène. A l'heure dite (une corrida débute toujours à l'heure !), l'ensemble des participants défile dans l'arène, les 3 matadors devant, puis les peones, les picadors, les employés de l'arène et pour finir l'attelage de mules chargé de sortir les taureaux morts. On appelle cette partie le paseo et on a droit à la musique, en général un paso doble, jouée par l'orchestre.

Ensuite commence la corrida à proprement parler, la lidia. En général, il y a six combats, deux taureaux pour chaque matador. Chaque combat dure 15 minutes et se déroule en trois temps qu'on appelle des tercios.

Le premier tercio - le tercio de pique - commence par une partie magnifique où le matador et les peones jugent de la qualité du taureau en effectuant des passes de capote dont la célèbre veronica (qui se fait à deux mains). Ils l'incitent à donner tout ce qu'il a pour vérifier sa façon de charger, sa bravoure, sa corne maîtresse, etc. Voici une petite vidéo du matador Juan Bautista à la corrida goyesque d'Arles l'an dernier en train de faire une série de veronicas :


C'est ensuite au tour du picador monté sur son cheval d'affronter le taureau et de le piquer pour l'affaiblir (généralement deux fois) et le rendre toréable. Perso, je n'aime pas ce passage-là, et je ne suis pas la seule ! Dire qu'avant, c'était le picador qui était le personnage central de la corrida...

Le second tercio commence avec l'arrivée des peones qui vont planter sur les dos du taureau des banderillas (le plus souvent trois paires). Certains matadors posent eux-mêmes toutes ou parties des banderillas. C'est un moment assez spectaculaire, où les hommes bondissent au-devant du taureau. Très graphique mais difficile à saisir en photo !

Pour finir, le dernier tercio se décompose lui-même en deux parties, la plus impressionnante étant la faena de muleta au cours de laquelle le matador prépare le taureau à la mort par de très belles passes de muleta. Le taureau frôle parfois le matador et les passes sont nombreuses et parfois très dangereuses. Certains matadors prennent ici de très gros risques, comme de toréer à proximité des barrières, agenouillés, voire assis sur une chaise. En dehors de ce côté un peu "showbiz", les matadors classiques font des passes moins extravagantes mais d'une pureté magnifique. En voici un exemple :


Passe "natural" - Encre Les Arts d'Alexe

Et ici, de plus près:


Derechazo - Encre Les Arts d'Alexe


Et n'oubliez pas que l'adversaire pèse entre 500 et 700 kilos ! Je me suis retrouvée au musée de la corrida de Séville à côté d'une sculpture grandeur nature d'un taureau de combat : je peux vous certifier qu'on se sent vraiment petit ! Alors imaginer cette masse de muscles qui vous fonce dessus, ça a de quoi vous terrifier...

Le dernier tercio se termine par la mise à mort du taureau, ou estocade, qui se fait à l'aide de l'épée. Le matador peut choisir de courir vers le taureau immobile (estocade al volapie) ou au contraire de l'inciter à venir vers lui (a recibir). L'estocade doit être portée dans un endroit précis pour tuer le taureau proprement d'un seul coup. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas et il est parfois nécessaire d'achever l'animal. Dans ce cas, le matador est souvent hué par le public.

Parce que dans une corrida, le public joue son rôle : il juge le taureau et la valeur du torero, son courage, sa prise de risque, ses passes et bien entendu sa façon de tuer qui doit être rapide et propre. En fonction de tout cela, il demande l'attribution du trophée en agitant un mouchoir blanc: soit 1, 2 oreilles ou la queue. Si le matador a été exceptionnel, il sort de l'arène sur les épaules de ses admirateurs. Quant au taureau, s'il a été exceptionnellement bon, il a droit à un tour d'honneur... et s'il a été plus que cela, le président peut le gracier avant l'estocade. C'est extrêmement rare mais j'ai vu cela une fois !

Voilà, vous savez à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur le déroulement d'une corrida. Reste plus qu'à y aller !

A très bientôt pour un prochain épisode sur Les Arts d'Alexe !

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