mercredi 9 mars 2011

Expos Mondrian, Morellet et Othoniel à Beaubourg

Je vais peut-être descendre dans votre estime, mais je dois vous avouer que je ne suis pas du tout adepte de l'art "moderne". Pourtant, je vous jure que j'essaie de me soigner ! Au point de faire la queue pour aller voir certaines expos alors que je sais presque par avance que je ne vais pas accrocher... "C'est du masochisme", que vous allez me dire ! Ben oui, peut-être un peu... Toujours est-il que j'ai une très nette préférence pour Ingres si je le compare à Klein. Et même Picasso période cubiste a du mal à passer, alors que j'ai quand même vu les musées qui lui sont dédiés à Paris, Malaga, Séville, Barcelone et Madrid... Quand je vous dis que j'essaie ! Alors bien sûr, il y a des exceptions : j'adore Miro et Dali, j'ai un petit faible pour Kandinsky et - allez savoir pourquoi et comment - certaines oeuvres parmi les artistes "modernes" me parlent plus que d'autres. Les goûts et les couleurs, hein... !

Bien, tout ce petit laïus pour vous expliquer que ce samedi, je me suis décidée (et j'ai même décidé Cher et Tendre, ce qui tient de l'exploit quand on sait qu'il déteste les foules supérieures à 10 personnes !) à faire un tour à Beaubourg pour voir l'expo Mondrian. Mondrian, vous savez ? Les carrés de couleurs entourés de lignes noires... Le style Rubiks Cub... Oui, c'est gagné !

 
Et ça, c'est parmi ce qu'il a fait de mieux, je vous jure ! C'est ça : pas vraiment mon genre, mais j'ai toujours espoir, que voulez-vous ! Je me dis qu'avant d'en arriver là, l'artiste a bien dû parcourir un cheminement intellectuel et artistique, suivre une émotion, une idée... QUELQUE CHOSE, quoi ! Bref, je voudrais comprendre. Sauf que... Rien... Côté émotion, néant puissance 1000 (attention, je n'engage que moi, inutile d'envoyer un virus sur ce blog!!!).

Comme je ne veux pas écrire un message juste pour critiquer, je vais laisser parler Mondrian et le directeur du Musée (pour ceux qui aiment et qui s'intéressent, au moins ils auront l'envers de la médaille ! Mais qu'ils prennent une loupe : les caractères sont un peu petits):

Piet Mondrian - Composition en rouge, bleu et blanc II

"[Mondrian] mène progressivement le cubisme jusqu'au néoplasticisme (la Nouvelle Plastique abstraite), et passe de « la réalité naturelle à la réalité abstraite ». Avec cette analyse et en décomposant la forme, il aboutit à la plastique pure, fondée sur l'établissement de rapports entre des surfaces colorées, selon une logique d'harmonie et d'équilibre. Cette dialectique horizontal/vertical, où les couleurs pures (bleu, rouge, jaune) se juxtaposent aux non-couleurs (noir, blanc, gris) dans une géométrie combinatoire, qui abolit la perspective, permet d'infinies variations. Sur ce principe, Mondrian crée, entre 1912 et 1938, une centaine de peintures, avec lesquelles il met en place sa théologie du néoplasticisme.
« Tout se compose par relation et réciprocité. La couleur n'existe que par l'autre couleur, la dimension par l'autre dimension, il n'y a de position que par opposition à une autre position. » Le tableau est ouvert et apparaît comme un fragment d'un ensemble plus vaste, portant vers un monde de métaphores. L'horizontale évoque la terre, la mer, le principe féminin ; la verticale rappelle l'arbre, le principe masculin, etc. La division de la toile en quadrilatères entre en rapport avec le cadre de l'oeuvre, avec le mur où il se trouve, avec la pièce, avec la cité. Le néoplasticisme est un monde exact qui lie l'ordre pictural à une utopie sociale, spirituelle et poétique."


Waouh ! Tout ça pour ça ! Je reste toujours une peu sèche après ce genre de texte. En tout cas, moi, la mer, je ne l'ai pas vue; quant à "l'utopie poétique", j'ai dû passer à côté du miracle par mégarde... En gros, les transpositions graphiques de fractales me paraissent cent fois plus spirituelles que les labyrinthes de Mondrian. La prose des critiques semble parfois plus artistique (dans le sens créative, "métaphor[ique]et poétique" comme il dit au-dessus)  que ce qu'ils commentent. Quant aux guides qui peuvent passer de (nombreuses) minutes devant une toile à vous parler de la "réverbération" des lignes, de l'"écho" des couleurs et du calcul mathématiques des écartements, je suis béate d'admiration par ce qu'il arrivent à déduire de si peu mais désolée, pas moins sceptique pour autant... Donc déçue.

Heureusement, bol phénoménal, nous avons échappé à la queue à l'entrée du Centre Pompidou (attendez, quand on est sortis, il y avait au moins une heure d'attente !!!). Mais 12€ pour voir des lignes qui se croisent, c'était un peu juste... Alors histoire de rentabiliser, on a décidé de voir les autres expos en cours. Et on a bien fait.

Côté lignes qui se croisent, il y avait un autre zigoto (pardonnez... un autre "artiste"), un certain François Morellet, qui est passé maître dans le domaine de l'art éphémère. Bref, il monte et démonte ses oeuvres dans des endroits particuliers. Et il gagne sa vie avec ça. Rigolez pas, c'est sûrement avec vos sous ! Beaucoup de travail avec des néons, des barres métalliques, de l'interactif (style vous appuyez sur une pédale qui met en route un ventilateur qui souffle sur un tissus imprimé avec la figure de La Joconde qui se met à bouger et se déformer... No comment).


François Morellet -

Bon, au moins, lui, il est honnête: il ne veut faire passer aucun message... et il y arrive assez bien ! Ca fait plus penser fête foraine ou cité des sciences qu'expo d'art. En tout cas, il y a des oeuvres assez amusantes, volontairement ou pas. Exemple : un grand mur avec 5 carrés blancs accrochés qui représentent les têtes des demoiselles d'Avignon selon leur disposition dans le tableau de Picasso... Fallait oser ! Et le clou du spectacle (sans jeu de mot) qui a failli me faire pleurer de rire - je vous jure ! - : une cloison toute blanche avec une feuille cartonnée de 22 x 22 cm au milieu de laquelle a été dessiné un carré noir de 2 centimètres de côté. Au début, j'ai cru que c'était un papier indiquant qu'un tableau était manquant... Ben non, l'oeuvre s'appelle "le trou carré dans le mur" !!! Et le plus drôle, c'est encore le commentaire qui allait avec et qui expliquait que cette oeuvre réalisée sur un mur qui n'était pas blanc mais "l'antithèse du noir" et que,
"modeste dans sa forme, économe dans ses moyens, moins précieuse que les oeuvres de Günter Umberg, moins mystique que celles d’Anish Kapoor, cette installation se révèle d’une très grande efficacité grâce à l’ambiguïté qui s’en dégage et la surprise qu’elle suscite, voire l’insolence qu’elle contient". Qu'est-ce qu'on rigole quand on va voir des expos d'art moderne, non ? Malheureusement, je n'ai pas trouvé sur internet de photo de cette oeuvre grandiose qui soit copiable, mais je vous engage à aller voir, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Pour plus d'info, voici le dossier de presse.

Pour finir (eh oui, y en avait une dernière !), nous sommes passés voir l'expo de Jean-Michel Othoniel (celui a fait la sortie de la station de métro Palais Royal avec toutes les bouboules en verre...). Je vous ai dit qu'on voulait rentabiliser ! 

 othoniel_palis_royal.jpg

Là, on se disait, au moins ça va être sympa, ce type qui fait une sortie de métro qui ressemble à une couronne de roi déjanté, il doit avoir la pêche ! Bon, bah c'est encore raté. On ne devrait JAMAIS lire ce qui est censé se passer dans la tête d'un artiste. Parce que ce qui se passe dans la tête de l'artiste, c'est pas forcément ce qu'on croit, ni même ce qu'on voit... Othoniel, son but c'est de
"travailler sur la blessure, blesser le verre : le verre soufflé porte la trace du corps du souffleur, il a été malaxé, trituré, porté par sa main... j'ai donc choisi de d'obliger les verriers à blesser le verre avant de le travailler, ce qui aboutissait à des formes irrégulières, marquées, portant des cicatrices. C'est dans ces cicatrices que je voyais une vraie beauté.."
Comme quoi, le monsieur n'est pas un gros rigolo ! Son univers est plein de "larmes", de "souffre" dans tous les sens du terme (le mot, la matière, toutes les analogies auxquelles vous pouvez penser). Et j'en passe. Bref, même quand on croit voir un monde merveilleux et poétique, ce n'est pas tout à fait comme ça que l'artiste l'interprète forcément. Alors, on a arrêté de lire les explications et on s'est fait plaisir en regardant toutes ces jolies boules de verre colorées formant de gigantesques arabesques magiques, en oubliant qu'elles se nommaient "noeud de Lacan" ou "bateau de larmes"... Et on a salué le travail des verriers de Murano qui ont quand même fait la plus grande partie du boulot ;o) !

Voilà, un résumé de ce qui se passe à Beaubourg en un article et en... 1h30 de visite montre en main ! J'ai venu, j'ai vu et j'ai vaincu... Mais je ne suis pas plus convaincue !

Alors, comme on était dans le coin, et qu'on avait besoin de se remonter le moral après toutes ces larmes et ces prises de têtes, on est passés chez Monsieur Detou... et pas de chance, d'autres étaient venus avant nous et il n'y avait... plus rien !!! Comme quoi, parfois, quand on commence mal l'après-midi, ça ne s'arrange pas obligatoirement.

A très bientôt sur Les Arts d'Alexe !

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