lundi 23 mai 2011

Odilon Redon, une surprise au Grand Palais


Odilon Redon
Odilon Redon

Pour moi, Odilon Redon (1840-1916), avant cette exposition, c'était essentiellement des lithographies étranges et très noires. En fait, pas vraiment un inconnu, mais presque. Donc, cette rétrospective au Grand Palais, ça a vraiment été une découverte. Une très agréable surprise.

L'oeil comme ballon bizarre
se dirige vers l'infini
Odilon Redon

Ce dimanche matin, je me suis réveillée de bonne heure, il faisait beau, tout le monde dormait à la maison et j'avais là ma carte Sésame qui me narguait sur la commode de l'entrée. Achetée surtout pour les deux dernières expos de la saison afin d'éviter les longues queues, je m'étais dit que ce serait l'occasion aussi de voir des choses que je ne serais peut-être pas allée visiter autrement. Seulement, arrivée fin mai, toujours pas eu le temps (l'envie ?) d'aller voir Odilon Redon. Pas bien ça, question rentabilisation de la fameuse carte ! Alors j'ai attrapé mon courage à deux mains et, sans attendre le réveil de mes deux marmottes, je me suis glissée dehors et j'ai pris le métro jusqu'au Grand Palais. Tellement bien réveillée que j'ai failli manquer la station... Tout le monde n'est pas du matin ! 


The birth of Venus.  Redon.
Odilon Redon - La Naissance de Vénus

Première bonne surprise : presque personne (enfin, ça peut aussi être de mauvaise augure, mais bon...), donc pas de queue, entrée directe et pas un chat non plus devant les tableaux. Heureusement, parce que les premières salles sont dédiées exclusivement aux dessins et litho de petit format, peu éclairées en raison de la fragilité des oeuvres. Alors bien sûr, il est nécessaire de s'approcher et, après la dernière expo Manet, jouer des coudes pour jeter un oeil au-dessus d'une épaule afin d'apercevoir un bout de tableau, ce n'est pas une expérience que je souhaite renouveler tout de suite (surtout un dimanche MATIN). Donc presque personne dans les salles. Le plaisir de pouvoir rester aussi longtemps que vous le voulez devant un dessin qui vous plaît. Le pied, quoi !

Deuxième bonne surprise : Odilon Redon a bien dessiné des choses sombres et étranges, mais il a aussi travaillé la couleur, et d'une façon fastueuse! J'ai une grande tendresse pour les Nabis (il faudra que je vous parle du Musée des Années 30 de Boulogne) et j'ai découvert que Redon s'en était rapproché pendant la seconde partie de sa vie et de son oeuvre. En tout cas, sa Naissance de Vénus, l'un des derniers tableaux présentés, m'a tout bonnement ravie. Je suis restée un long moment à la contempler : sensualité, douceur magnifique du pastel, explosion des couleurs et traitement tout en subtilité du fond. Superbe ! 

«Hommage à Goya / planche II. La fleur du marécage, une tête humaine et triste» - Odilon Redon  -Paris, Bibliothèque nationale de France © Bnf Album de six planches, Litografia. 1885
Hommage à Goya - La fleur
du marécage - Une tête
humaine et triste

Quant à ses bouquets de fleurs, où l'inspiration asiatique est marquée, j'aime beaucoup leur fraicheur et cette impression de flottement et de légèreté.


Mais cette partie colorée et optimiste de Redon ne doit pas faire oublier les fameux "noirs", fusains et eaux-fortes, qui marquent le début de la rétrospective, avec un regroupement par séquences de ces images étranges, parfois cauchemardesques, qui ont inspiré la littérature et le cinéma fantastiques du XXème siècle. On suit les séries de planches dédiées à Edgar Poe, à Mallarmé ou à Goya en s'étonnant sans cesse de l'originalité de l'artiste qui va chercher ses sujets au fin fond de son imaginaire peuplé d'anges déchus, d'yeux gigantesques et d'apparitions troublantes. Si je reconnais que cette période de Redon est incroyablement riche et originale, je ne peux m'empêcher de lui préférer la période lumineuse et sereine qui fait suite à cette morbidité ténébreuse des débuts. La salle qui présente ses talents de décorateur est un enchantement : toutes les techniques picturales y sont représentées pour un résultat superbe de camaïeux harmonieux.

Bouquet de fleurs - Odilon Redon

En bref, pour conclure : une expo à ne pas manquer, ne serait-ce que par curiosité. En outre, la présentation est parfaite, les explications claires (même sans l'audioguide) et le cheminement intéressant. Un parcours qui vous mène des ténèbres vers la lumière, tout en symbolisme, rien que ça, ça mérite le déplacement !

Odilon Redon, Prince du Rêve
au Grand Palais
du 23 mars au 20 juin 2011
Entrée (pour ceux qui n'ont pas acheté la carte Sésame) : 11€

A très bientôt sur Les Arts d'Alexe !


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